adj. (Littérature) qui est en fleur, arbre fleuri, rosier fleuri ; on ne dit point des fleurs qu'elles fleurissent, on le dit des plantes et des arbres. Teint fleuri, dont la carnation semble un mélange de blanc et de couleur de rose. On a dit quelquefois, c'est un esprit fleuri, pour signifier un homme qui possède une littérature légère, et dont l'imagination est riante.
Un discours fleuri est rempli de pensées plus agréables que fortes, d'images plus brillantes que sublimes, de termes plus recherchés qu'énergiques : cette métaphore si ordinaire est justement prise des fleurs qui ont de l'éclat sans solidité. Le style fleuri ne messied pas dans ces harangues publiques, qui ne sont que des compliments. Les beautés legeres sont à leur place, quand on n'a rien de solide à dire : mais le style fleuri doit être banni d'un plaidoyer, d'un sermon, de tout livre instructif. En bannissant le style fleuri, on ne doit pas rejeter les images douces et riantes, qui entreraient naturellement dans le sujet. Quelques fleurs ne sont pas condamnables ; mais le style fleuri doit être proscrit dans un sujet solide. Ce style convient aux pièces de pur agrément, aux idylles ; aux églogues, aux descriptions des saisons, des jardins ; il remplit avec grâce une stance de l'ode la plus sublime, pourvu qu'il soit relevé par des stances d'une beauté plus mâle. Il convient peu à la comédie qui étant l'image de la vie commune ; doit être généralement dans le style de la conversation ordinaire. Il est encore moins admis dans la tragédie, qui est l'empire des grandes passions et des grands intérêts ; et si quelquefois il est reçu dans le genre tragique et dans le comique, ce n'est que dans quelques descriptions où le cœur n'a point de part, et qui amusent l'imagination avant que l'âme soit touchée ou occupée. Le style fleuri nuirait à l'intérêt dans la tragédie, et affoiblirait le ridicule dans la comédie. Il est très à sa place dans un opéra français, où d'ordinaire on effleure plus les passions qu'on ne les traite.
Lire la suite...